Les rapports d’étonnement produits par les participants aux réunions préparatoires, en amont du conclave organisé le 11 février prochain par Proscenium, ont permis de dégager une trentaine de pistes de réflexion qui ont été soumises au vote.
Les six pistes plébiscitées comme les plus importantes seront explorées lors de la journée de conclave afin de produire des scénarios concrets, qui feront par la suite l’objet d’une modélisation.
Piste 1 – Les big data, futur moteur de l’économie de la culture
Le numérique produit une quantité colossale de données – 90 % des données disponibles aujourd’hui ont été produites ces deux dernières années – dont chacun est convaincu qu’il est temps de chercher à tirer parti.
Mettre le traitement des big data au service du marketing et des ventes, de l’optimisation de la relation client, ou du développement de nouveaux services et expériences, sont autant de préoccupations qui ressortent des ateliers préparatoires. En amont, se pose la question des modalités de partage et de mutualisation de cet or noir de l’âge informationnel. En aval, se pose celle des capacités de raffinage et de traitement de cette masse d’informations.
Mots-clés : big data, expérience, relation client, vie privée, mutualisation, billetterie, métadonnées, traçabilité
Les sous-pistes de réflexion dégagées :
- Les modalités de partage et de mutualisation des big data
- Le traitement des big datas au service du marketing et de la vente
- Optimiser la relation client grâce aux big data
- Les Big Data, outil pour développer de nouveaux services et de nouvelles expériences
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Piste 2 – De nouvelles réalités augmentées et une expérience enrichie de la culture
Mondes virtuels, expériences immersives, personnalisation de masse et recommandation géolocalisée sont au cœur des nouvelles réalités augmentées et autres expériences enrichies du spectacle vivant et de la culture promettant d’émerger au cours des dix prochaines années.
Les hologrammes de nos stars préférées se produiront-ils un jour en concert dans notre salon ? En l’état l’art de la technologie, ce pourrait déjà être une réalité, comme de suivre la retransmission en direct d’un concert en très haute définition sur grand écran mural, avec un son de qualité studio. Notre manière d’appréhender l’art et la culture deviendra de plus en plus virtuelle, immersive, interactive, personnalisée et augmentée à l’avenir. Au risque de nous isoler un peu plus ? Il faudra aussi savoir recréer de nouvelles communautés d’expérience, et conserver une mémoire de l’expérience culturelle vécue.
Mots-clés : Expérience, réalité virtuelle, haute définition, immersion, interactivité, personnalisation, contextualisation, communauté
Les sous-pistes de réflexion dégagées :
- Mondes virtuels, avatars numériques, robotique, domotique, les nouvelles façons de vivre la culture dans le salon ou à la maison
- Salles immersives avec une expérience à 360°
- Nouvelles expériences et nouveaux usages (mobilité, immersion, géolocalisation, interactivité, personnalisation, partage)
- Hyper-géolocalisation des recommandations d’agenda culturel en fonction de ses déplacements
- Les nouveaux périphériques et applications connectés de la culture (bracelets, mobiles, cashless, etc.)
- Recréer une communauté d’expérience à l’heure de la délinéarisation de la consommation de biens culturels
- Relinéariser une partie de mon expérience culturelle vécue par le numérique (TV, objets connectés)
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Piste 3 – Captations, UGC (User Generated Content), les nouvelles exploitations du spectacle vivant
De nombreux bénéfices, économiques mais également sociaux et culturels, découleront d’une offre riche et diversifiée de spectacles en ligne. L’offre actuelle est déjà très variée – 21 % des vidéos musicales postées sur Youtube, soit près de 80 millions, sont des captations de concerts – mais fort disparate et très mal référencée.
L’offre actuelle de captations de concerts et spectacles repose en grande majorité sur des contenus non officiels, révèle une étude de l’Idate réalisée pour le Prodiss. Et elle est de fait encore très peu monétisée. Alors qu’elles tendent de plus en plus à devenir la règle, de nouveaux modes d’exploitation des captations de concerts et spectacles se développeront sur Internet et sur l’ensemble des nouveaux médias, des chaines Youtube à la télévision connectée, et jusque dans les salles de cinéma.
Mots-clés : audiovisuel, UGC, modèle économique, droits voisins, nouveaux médias, industrialisation
Les sous-pistes de réflexion dégagées :
- Des chaînes Youtube à la télévision connectée
- Retransmission de concerts en direct dans les salles de cinéma
- De nouvelles formes collaboratives de captation
- Les voies d’une monétisation des captations de spectacle
- Du streaming à la demande, du téléchargement et des radios interactives avec du son live
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Piste 4 – Places de marché électroniques, cloud computing et services Web, de nouvelles applications métier connectées
Gérer ses contacts en réseau, ses campagnes de marketing pas e-mail, les processus de booking et de régie, les contrats et les factures, les scénarios de programmation d’un festival ou d’un événement, les tâches techniques, les affectations de bénévoles et d’intermittents, ou un agenda collaboratif partagé en réseau, en fonction des métiers, tels sont les fonctions que de nouvelles applications et services Web connectés fournissent désormais aux professionnels.
De Bob Intégral à Alphabus ou aux solutions d’Orfeo, de nombreux logiciels et services Web offrent des applications métier clé-en main aux professionnels du spectacle vivant. D’autres, comme NextBigSound ou l’anglais Semetric (MusicMetrics), racheté récemment par Apple, fournissent des outils analytiques permettant de transformer les big data en provenance du Web et des réseaux sociaux en opportunités d’affaires ou commerciales. La culture des mash-up et des API propre à l’univers du Web ne fait qu’ouvrir un peu plus le champ des possibles en matière d’innovation dans ce domaine.
Mots-clés : services web, places de marché, collaboration, big data, web marketing, cloud, API, innovation
Les sous-pistes de réflexion dégagées :
- De nouvelles applications spécifiques aux professionnels du spectacle vivant
- De nouvelles solutions analytiques à partir des métriques du Web
- Mettre à profit l’éco-système des API de la musique
- Des logiques de plateforme dans la nouvelle économie de la culture
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Piste 5 – Des synergies entre acteurs du numérique et des industries culturelles pour doper l’innovation
Favoriser l’innovation, c’est d’abord favoriser les rencontres, la coopération et les synergies entre le monde de la création et celui du numérique. L’ouverture de ses API (interfaces de programmation) aux développeurs d’applications tiers par Spotify, ou le programme Open EMI lancé par la maison de disques avant son rachat, sont des exemples de rapprochement fructueux entre les deux communautés.
Cette volonté de favoriser les synergies entre création et innovation peut se manifester par l’organisation de Music Hack Days comme ceux de Londres ou de Boston. Des événements similaires peuvent être organisés lors de manifestations dans les autres filières (édition, cinéma, etc.). L’émergence de pôles de compétitivité regroupant de jeunes pousses des secteurs de la création et de l’innovation technologique, par exemple autour d’équipements spécifiques (de type SMAC), pourrait participer d’une territorialisation de cette dynamique, et d’une relocalisation de l’économie de la culture.
Mots-clés : synergies, labs, incubateurs, pôles de compétitivité, expérimentation, collectivités, territoires, innovation
Les sous-pistes de réflexion dégagées
- Des passerelles entre monde académique, acteurs de l’innovation et acteurs culturels
- Transition numérique : les leçons à tirer de la musique
- Le spectacle vivant comme lieu de prototypage pour le numérique
- De nouveaux modèles de licences adaptés au nouveaux médias
- De nouveaux rapports de force entre acteurs de la culture et du numérique
- L’impact de la délinéarisation, du modèle de l’accès, de la logique du streaming sur le modèle économiques des industries culturelles
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Piste 6 – L’impact du numérique sur les métiers du spectacle, le statut de l’artiste, les critères d’A&R, les stratégies de développement
Historiquement intégrées verticalement dans des structures fortement hiérarchisées, les industries culturelles font face à un changement de paradigme qui voit leur économie s’organiser de manière beaucoup plus horizontale et en réseau. Le périmètre des métiers et le champ des compétences s’élargit (360°), de nouveaux acteurs apparaissent (Kobalt, pour la gestion des droits voisins des artistes en interface avec les SPRD), de nouvelles stratégies de développement sont mises en œuvre (BMG Rights Management, qui a convaincu un fond d’investissement privé de financer le rachat de catalogues d’édition musicale et est devenu le n°4 mondial du secteur en l’espace de 4 ou 5 ans).
Les relations contractuelles entre acteurs de la chaîne de valeur évoluent (montée en puissance du contrat de licence en maison de disques vs. le contrat d’artiste, émergence du profil d’« artiste-entrepreneur »…)… L’auto-production se professionnalise, en amorçage de carrière ou de projet. Elle devient le modus operandi d’un nombre croissant d’artistes, au sein d’un écosystème de partenaires à géométrie variable en fonction des projets, qui s’étend désormais aux marques et aux acteurs du numérique. Dans ce contexte d’économie en réseau, le manager joue un désormais un rôle central dans la gestion de carrière de l’artiste, sur laquelle la maison de disques n’a plus le contrôle total. L’activité d’A&R (découverte et développement de nouveaux talents) est bouleversée par le numérique et revient au premier plan, en cheville avec le web-marketing. De plus en plus indexée sur les réseaux sociaux, elle adopte de nouveaux critères de sélection et de nouveaux indicateurs fournis par les big data, qui sont très « performants », mais de plus en plus statistiques et de moins en moins artistiques.
Mots-clés : 360°, contrats, big data, artiste, manager, A&R, social, marketing
- Le nouveau partage des rôles entre acteurs de la chaîne de valeur des industries culturelles
- Les mutations du statut social de l’artiste et du travailleur culturel
- L’impact de la révolution numérique sur les relations contractuelles entre acteurs de la chaîne de valeur
- Quand les algorithmes et les data prennent le pas sur la dimension artistique
- Le « quantified-self » adapté à l’artiste, ou comment rester propriétaire et gestionnaire de ses données
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